Vente aux enchères de céramiques de La Borne

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Lot 74 - Dominique Legros

La vente qui est proposée par l'étude PIASA, présente 89 lots.

Toutes ces pièces ont été réunies par un seul collectionneur. Ces oeuvres sont récentes. Elles ont toutes été produites depuis le début des années 2000. Elles viennent de La Borne ou de la région proche. La plus grande partie d'entre elle présente une esthétique typique du grès, brut ou émaillé, de La Borne. L'ensemble est homogène. Il s'agit donc de la vente de céramiques sculpturales de La Borne du 21e siècle, s'inscrivant à la fois dans la tradition de fabrication du village et représentatives des recherches plastiques des potiers.

En ce sens, l'événement s'inscrit dans le prolongement du voyage du Club à Bourges et La Borne. Il sera intéressant de suivre l'intérêt qui sera accordé par le marché à cette proposition.

Liste des potiers présentés : Eric Astoul (27 lots), Gustavo Pérez (3 lots), Francine MIchel (2 lots), Jean-Claude Cartier (5 lots),Lucien Petit (31 lots), Dominique Legros (21 lots).

*voir le catalogue :http://www.piasa.fr/lots/112799/future/

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118 rue Faubourg Saint-Honoré 75 008 Paris

Vente : mercredi 16 décembre 18h30

Expositions publiques

Samedi 12 décembre 2015 de 11 à 19 heures

Lundi 14 décembre 2015 de 10 à 19 heures

Mardi 15 décembre 2015 de 10 à 19 heures

Mercredi 16 décembre 2015 de 10 à 12 heures
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Ci dessous le texte du catalogue :

"Vente Céramique Française – mercredi 16 décembre à 18h30
La Borne, cantique de l'argile
 
La Borne est un hameau à 200 kilomètres de Paris, apparemment  comme n'importe quel hameau berrichon, avec son bistrot et son bureau de Poste.
 
Mais ici, depuis plus de 800 ans, des fours chauffent. Ces fours cuisent et figent la terre locale
: un filon de grès gigantesque repose sous la forêt environnante, et chaque outil, chaque récipient en est façonné.
La Borne vit avec le grès, et ses potiers au rythme du four à bois, qu’il faut alimenter et maitriser
à chaque instant. Huit cent ans d’expérience accumulée, de savoir transmis, de tradition
; et l’on se cantonne à fabriquer de l’utile, du quotidien. Parfois, certes, quelques images populaires ou objets allégoriques voient le jour ; les rares collectionneurs sont déjà sur le coup.
La Borne est fondamentalement potière : on estime qu’à la fin du XIXe siècle, 80 deses 700 habitants sont  potiers. Et pourtant, subitement, les premières décennies du XXe siècle voient cet artisanat sombrer  brutalement, jusqu’à une quasi-disparition dans les années 1950 où il ne reste plus que 4 fours recensés  en activité.
Tout aussi inattendu que son déclin, le renouveau de La Borne survient dans les années 1950 quand
une nouvelle vague de potiers rallument les fours. A la différence qu’eux sont artistes, et
c’est véritablement un mouvement artistique qui voit le jour avec les Lerat, Vassil Ivanoff ou encore
Elisabeth Joulia.
Une esthétique est née : elle emprunte à la tradition locale sa rugosité, son désintéressement,
son authenticité, et l’applique à un dessin radical, acéré, presque brutal.
La Borne redevient très rapidement un centre foisonnant de production et même de recherche
sur la céramique. La première génération du renouveau bornois compte de nombreux élèves, attirant  même des céramistes étrangers à la recherche du savoir ancien, désireux de retrouver les méthodes archaïques du four à bois. Il faut atteindre 1280°C dans le four, sans aucun thermomètre toléré.
Nous sommes parmi des puristes, de toute évidence. La Borne est un hameau à 200 kilomètres de Paris, apparemment  comme n'importe quel hameau berrichon, avec son bistrot et son bureau de Poste.
 
Il existe un style « La Borne », et il est si singulier qu’on le reconnait sans peine. En premier lieu, c’est
son « absence de séduction démonstrative » (Hughes Magen) qui frappe : rien à La Borne ne cherche
à charmer, à amadouer. Nous sommes aux antipodes, et même à l’antithèse de la lisseté d’un Jouve
ou d'un Ruelland. À tel point que l’on ne peut même plus prendre ces derniers au sérieux : la terre
chamottée et le grès brut nous plaquent contre l’objet, provoquent un face à face inévitable avec
la matière et ouvrent notre regard captif à l’épaisseur du grain, à la profondeur de la crevasse, à la
totalité macro et microscopique de l’argile, de cette terre qui gisait sous nos pieds, qui fut prélevée,
sculptée et enfin immolée.
Il existe un style de « La Borne », et il a plusieurs hérauts. La première génération du renouveau
(Lerat, Ivanoff, Beyer) pose les bases d’une esthétique résolument brute - voire brutale, sans
compromis et tendant vers une sculpture abstraite. C’est ce que la génération suivante perpétuera
: Eric Astoul et Lucien Petit en sont des exemples parfaits. Leurs oeuvres reflètent l’intransigeance
d’une volonté réellement artistique, et non pas décorative : leur céramique n’est plus utile, ni même
décorative ; elle est la proposition d’une expérience, celle de plonger dans la matière, de se laisser
absorber par l’argile figé.
Si Astoul et Petit frisent souvent le vocabulaire architectural, c’est précisément pour nous poser,
soudain minuscules, devant des édifices céramiques inconcevables.
Legros, quant à lui, pousse la recherche sur la matière jusqu’à atteindre des apparences organiques,
des couvertes semblables à de la chair vive, des formes de mollusques difformes, ou des galets
craquelés et inquiétants.
Gustavo Pérez enfin plie et replie sur elle-même la matière, l’écrase, l’avachit, nous montrant
comment malgré tout elle ne cède pas, refuse de s’effondrer et se moque bien du potier
: un sourire narquois apparait dans les plis de l’argile.
Il y a quelque chose de profondément mystique dans ce travail, en tant qu’il invoque des puissances
chtoniennes, et qu’il manifeste l’être-là du sol originaire : c’est dans un seul et même mouvement
que forme et matière sont appréhendées. La matière dans toute son épaisseur, sa densité, sa mixité,
et la forme qui nous tient à chaque fois en respect, qui précisément nous impressionne. C’est un
cantique de la boue, c’est la glaise en pleine face, comme une termitière édifiée à main d’homme:
ce qui gît dessous surgit, érupte en sculptures dont on ne peut croire à l’entière abstraction.
Cette collection d’œuvres céramiques constitue un échantillon exceptionnel de ce qui s'est fait
récemment à La Borne, de ce qu'a cherché à exprimer la dernière génération de céramistes bornois.
Déjà représentés par certaines importantes galeries internationales, ces artistes auront travaillé
dans la plus grande simplicité, dans un quasi-anonymat si ce n’est entre eux, mais perpétuant une
tradition séculaire en transmettant leur savoir, en approfondissant la recherche, en creusant le sillon.
Et en attisant les flammes de ces fours qui, encore et encore, brulent depuis huit siècles.
 
Archibald Pearson-de Brantes
 

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