"la figure du collectionneur", la thèse d'Elisa Ullauri Lloré

 
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Deuxième année de thèse de Sociologie de l’Art, Culture et Patrimoine à l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse et Aix-Marseille Université - I

Doctorat sous la direction de Sylvia Girel et Jean Davallon

Propos d’étape présenté par Elisa Ullauri Lloré à l’attention des membres du club de collectionneurs de céramique, partenaires de la recherche.

 
L’objet de ce texte est de présenter aux membres du club, un bref propos d’étape sur la recherche, afin que chacun puisse réagir, s’il le désire. Mais également de vous faire connaître quelques axes de réflexion qui nous guident, afin de vous permettre de suivre l’évolution de cette aventure. Ainsi, je vais d’abord vous présenter l’objet de la recherche en le replaçant dans son contexte, énoncer quelques hypothèses ainsi que la méthodologie employée. Bien entendu, notre propos se donne pour but d’évoluer au fil de lectures et des rencontres.
 
Titre provisoire
 Les médiations des nouvelles esthétiques de la céramique contemporaine,
 « La figure du collectionneur »
 
 
Vers une délimitation de l’objet de la recherche
 
La céramique est riche d’une multiplicité de sens, formes et représentations. Ce vaste monde de registres éloignés entre eux, impose un certain nombre de paramétrages. Il ne s’agit pas ici de définir le propre de la céramique, ou de tracer son histoire, et encore moins de trancher face aux clivages entre les registres de l’artisanat et de l’art. L’objectif de cette étude est de mieux connaître cet univers peu exploré par la recherche universitaire. Il a donc été nécessaire de délimiter le champ d’observation. Ces lignes porteront, non pas sur le statut de l’objet céramique, mais sur les médiations de la céramique contemporaine en France et les différentes figures de sa réception.
 
Le constat d’une création céramique exprimée à travers un imaginaire versatile et glissant a posé le questionnement de départ : Comment fonctionne le paradigme de la céramique contemporaine à l’instar de l’art de notre époque ? Ce qui nous intéresse c’est de comprendre la variabilité de cet imaginaire à partir de l’expérience d’être « public », « amateur », « collectionneur », etc. grâce aux discours, aux trajectoires, aux manières de percevoir, sentir et aimer la céramique.
 
Quelques axes de réflexion
 
La structuration conceptuelle et empirique de la médiation comprend l’action des instances légitimatrices, telles que les institutions (musées), en passant par les galeries, les associations, mais aussi par la presse spécialisée et les différents acteurs s’employant à parler de la céramique, la diffuser, la valoriser. Ces espaces sont ici compris en tant que les médiateurs, à travers leurs discours. De ce fait, tout comme les différentes disciplines artistiques, la céramique s’inscrit dans un vaste réseau d’acteurs interagissant.
Nous émettons donc le postulat que les collectionneurs jouent un rôle actif  dans la légitimation mais également dans le renouvellement des représentations. La difficile existence d’un lieu de consensus pour les discours mobilisés, vient cependant nous interroger.
 
Comment se construisent les rapports entre la représentation, l’objet, l’individu et le collectif, à partir de la pratique de la collection ?  
 
Cette partie de l’étude s’articule autour d’un public spécialisé, souvent engagé dans une logique de valorisation et de reconnaissance de sa passion. La pratique de la collection reposerait sur la coexistence de différentes logiques d’engagement, illustrées par des discours allant de la reconnaissance au déclassement (le rejet) de certaines formes de céramique. S’intéresser à ce système complexe de représentations symboliques attachées aux objets, à travers l’implication directe ou indirecte de ses acteurs, vise à comprendre la vie sociale de la céramique. Ainsi, « l’activité » de la collection et les pratiques des « publics » deviennent les territoires où se expriment les engagements, aux mécanismes souvent polarisés, où les acteurs construisent leur « amour pour la terre».
 
Trouver une ligne de partage dessinant les contours esthétiques de la céramique semble un exercice complexe. Celle-ci pourrait se situer par exemple, autour de la question de la technique. D’un coté on trouverait une céramique à technique forte et de l’autre, une céramique à technique libre. Cette distanciation nous dit aussi que les discours des médiations proposent une double promesse : une déhiérarchisation des disciplines et une promesse de défense de la spécificité de la matière (qui lui octroie une place singulière aux sein des mondes de l’art). Cette hypothèse suppose donc qu’il existe une reconnaissance différenciée au sein des mondes de l’art : tant à l’intérieur de la scène céramique qu’au sein du champ de l’art contemporain. Nous irons donc vérifier les paramètres de la présence de la céramique, de  la valeur commerciale et de la variabilité des côtes, au sein du marché de l’art.
 
Le laboratoire d’une méthodologie expérimentale
 
Une enquête à l’approche ethnosociologique (aux outils mixtes : questionnaire, entretiens, observation, analyse sémiotique de sites web) a été entamée il y a quelques mois. Le club des collectionneurs de céramique, constitue un des terrains d’étude. Ce collectif, vitrine de cet univers, cristallise les différents degrés d’implication d’une communauté d’acteurs aux profils hétérogènes, mais inscrits dans un engagement commun. En observant les modes d’action, les discours, les rapports et interactions, notre analyse cherche à capter et à rendre compte les transformations des pratiques de la médiation et ses engagements sous-jacents.
 
Un objet en maturation
 
Les rapports complexes et changeants entretenus dans cet univers posent encore énormément des questions et tendent à reconfigurer en permanence la recherche, mais permettent de dégager des perspectives nouvelles et pour le moment passionnantes.
 
 
Bibliographie indicative
 
-          BECKER Howard S. “Les mondes de l’art”, Flammarion, Paris (pour la traduction française), (1982) Ed. 2010
-          COOPER Emmanuel, Contemporary ceramics, Thames & Hudson, 2009, Londres
-          DAVALLON Jean, “L’exposition à l’œuvre. Stratégies de communication et médiation symbolique”.  L’Harmattan Communication, 1999
-          HEINICH Nathalie, Le Triple jeu de l'art contemporain: sociologie des arts plastiques, Paris, Editions. de Minuit, 1998
-          JAUSS Hans Robert, Pour une esthétique de la réception, Gallimard, 1990
-          JACOBI Daniel (dir), Les médiations de l’art contemporain, Culture & Musées 3, avec Elisabeth Caillet, Université d’Avignon et Actes Sud, 2004
-          JOURDAIN Anne, Les artisans d’art en France, Ethiques et marchés, Université d’Amiens. Sous la direction de Fréderic Lebaron, (thèse soutenue en décembre 2012 et publication prévue en 2014)
-          MERCIER Cyril, Les collectionneurs d'art contemporain : analyse sociologique d'un groupe social et de son rôle sur le marché de l'art, Sous la direction de Alain Quemin. Thèse de doctorat soutenue en 2012 à Paris 3, doctorale Arts & médias (Paris).
-          SHAPIRO Roberta, HEINICH Nathalie (dir), De l’artification, Enquêtes sur le passage à l’art, Paris, EHESS, Coll « Cas de figure », 2012
-          L’expérience de la céramique, Centre de recherche sur les Arts du feu et de la terre, Craft- Limoges, Bernard Chauveau Ed, Paris, 2007