Phil Eglin

 

Phil Eglin : un Anglais à Paris

 

files/les_images/documentation/artistes/Eglin (Phil)/Eglin (Phil).jpgCéramiste anglais célèbre, Phil Eglin appartient au grand courant de renouvellement de la céramique qui a marqué les années 80 en Grande-Bretagne. Invité par Hélène Aziza à présenter les oeuvres de ces dernières années, il expose des sculptures et des contenants en terre vernissée, faïence ou porcelaine aux décors abstraits ou narratifs qui mêlent allègrement, avec un sens consommé de l'intégration, éléments de l'histoire de l'art et de la céramique ancienne. Thèmes religieux et profanes se conjuguent mais c'est surtout la dimension icônique qu'Eglin retient, celle qui s'est inscrite dans la conscience collective. Ainsi la Vierge à l'enfant d'esprit médiéval ou Venus et l'amour donnent lieu à des représentations à la fois gauches et touchantes qui voisinent en un rapprochement plein d'humour.
Souvent les attitudes feminines lui sont inspirées des peintures de Cranach, comme celles du Christ de Hugo van der Goes. Des bustes de Christ en terre vernissée sont au contraire issus des reliefs populaires ambulatoires d'autrefois. D'autres thèmes contemporains inspirés du quotidien (jeux d'enfants), ou de quelques scandales recents (le Pape et la prostitution) voisinent avec une relecture de la ceramique traditionnelle comme le surdimentionnement de ses pichets ou de ses soupières, la reprise très décalée des décors bleus et blancs tracés au trait à la manière des gravures du  17 e siècle sur un grand plat.



Au-delà des thèmes choisis, c'est l'invention files/les_images/documentation/artistes/Eglin (Phil)/Adam_and_Eve2009.jpgplastique qui attire le regard et la très grande qualité du dessin. Sculptures ou contenants sont formés "à la plaque" à partir de  feuilles de terre pliée, moulée ou remodelée. Cette technique lui permet tous les jeux de volumes et toutes les audaces. Le moule quand il y en a, est généralement un de ces contenants plastiques de supermarché servant à envelopper la nourriture ou les petites cassettes en papier plissé. Il y a du Picasso dans ces reprises jouissives d'objets ordinaires recyclés en une toute autre image et disparaîssant dans la glaçure miel ou ivoire. Le décor éventuel, peint ou au trait, est posé avant la mise en forme sur la plaque de terre comme un monotype, ce qui lui donne du mouvement et le rend très vivant une fois le volume formé. Les images au trait d'une grande sensibilité sont finement estampées puis colorées au bleu de cobalt.

Né en 1959, Phil Eglin qui s'est établi depuis peu en Pays de Galles, a longtemps vécu dans la Staffordshire, ancienne region potière qui vit aussi la naissance de l'industrie céramique. Sa grande culture céramique et plastique acquise au Royal college of art de Londres et dans les musées sont la source de sa liberté d'expression et de l'humour subtil qui traverse toute son oeuvre.

Carole Andréani